Puissance mentale : comment les athlètes* atteignent le sommet de leur performance dans les moments décisifs

1. Grandir face aux défis
2. Visualisation : faire appel à des images mentales
3. Les coachs mentaux comme soutien dans les situations difficiles
4. 5 conseils pour la force mentale dans le sport
5. Une boîte à malices avec des outils mentaux pour toutes les situations
6. Les médias sociaux comme plateforme de santé mentale pour les sportifs

Le documentaire primé aux Oscars "Free Solo" suit le grimpeur d'exception Alex Honnold dans l'un de ses plus grands défis : Il escalade l'imposant rocher de granit El Capitan dans le parc national de Yosemite sans aucune protection ou aide - et prend ainsi un risque mortel.

Nous avons un aperçu de tous les efforts mentaux et psychologiques que Honnold, alors âgé de 33 ans, doit surmonter en escalade libre en solo. L'Américain décrit sa passion pour l'escalade comme un jeu mental : "Il s'agit de comprendre tes peurs et de les contrôler pour qu'elles ne te dominent pas ! Tu dois apprendre à avoir confiance en tes capacités et à te concentrer sur ce que tu peux contrôler."

Honnold parle d'une capacité à laquelle la star du football italien Roberto Baggio n'a apparemment pas pu recourir lors de la finale de la Coupe du monde 1994 contre le Brésil. Baggio a tiré son penalty décisif grotesquement loin du but, son visage s'est figé dans le vide et la frustration. Ce moment d'échec s'est manifesté comme une image iconique dans la mémoire collective du sport ("the man who who died standing"). Il symbolise le moment où la pression est la plus forte et où un athlète a la possibilité de mener son équipe à la victoire - mais où les nerfs ne suivent pas.

L'histoire du sport connaît de nombreux sportifs qui ont échoué dans les moments décisifs - ou qui se sont dépassés à ce moment précis. Comment les athlètes peuvent-ils se préparer mentalement avant de relever de grands défis, de manière à ne pas être tétanisés par l'instant ?

Une possibilité est de se parler à soi-même, explique Thorsten Loch, conseiller en psychologie du sport. "On peut ainsi soutenir ses actions, une menace devient ainsi un défi". De nombreux sportifs* pourraient certes lui dire ce qu'ils ressentent quand ça ne va pas chez eux à certains moments, ils vivent alors une sorte d'impuissance en compétition. Mais en contrepartie, ils ne peuvent pas articuler ce qu'ils devraient idéalement ressentir pour être et rester dans le flow.

C'est pourquoi il s'agit tout d'abord d'élaborer comment définir cet état idéal qui permet d'être au top de ses performances. Ce n'est qu'alors que l'on sera en mesure d'y faire appel en cas de besoin. "Cela peut par exemple se faire par le biais d'une visualisation, d'une image bien précise."explique Thorsten Loch. Au moment opportun, il s'agit de faire appel à cette image dans la tête.

Loch a travaillé avec un gardien de football qui souffrait de la pression qui pesait sur lui. "Il m'a dit qu'il voulait être comme un mur. Nous avons ensuite travaillé avec cette image. Parmi ses points forts, il y a les réflexes, le coaching bruyant, le leadership et bien d'autres choses encore. Nous avons visualisé toutes ces qualités positives en briques qui, dans l'image avec laquelle nous travaillons, forment ce mur qu'il veut incarner." Les termes ont également atterri sur la surface intérieure de ses gants de gardien de but, un coup d'œil l'aidant pendant les matchs.

Le Dr Rita Regös, préparatrice mentale internationale, a déjà préparé et accompagné de nombreux athlètes* et équipes aux Jeux olympiques. Elle sait "Si l'attention est trop focalisée sur la nervosité, tout peut basculer." Et lorsque la performance est en danger, une efficacité personnelle doit entrer en jeu. Autrement dit, elle prépare les sportifs* en amont aux différentes situations difficiles qui peuvent survenir en compétition, afin qu'ils puissent ensuite y réagir de manière optimale par leurs propres moyens. Une force mentale à la demande, comme chez Alex Honnold.

Regös se souvient d'une tireuse sportive qui, lors d'une situation de compétition, a été dérangée par le bruit d'une valise qui roulait en arrière-plan. Elle s'est mise en colère, à la fois contre l'auteur du bruit, mais aussi contre elle-même, car elle s'est laissée distraire. Ses tirs étaient par conséquent déconcentrés.

"Cette situation s'est retrouvée dans une boîte noire d'expériences personnelles. Ensuite, nous cherchons d'autres éventualités que d'autres athlètes* ont déjà vécues." Objectif : pour chaque situation, il doit être possible de trouver dans la boîte à malices l'outil mental approprié pour aider dans une situation difficile.

L'importance de la force mentale dans le sport de compétition s'est nettement accrue ces dernières années, explique Linda Rapp, conseillère en psychologie du sport : "Parce que certains athlètes* partagent les succès de leur coaching psychologique sur leurs canaux de médias sociaux, d'autres prennent de plus en plus conscience de la part de la tête et notamment de la force mentale dans la performance physique."

Il ajoute toutefois que, contrairement à l'escalade libre, le thème de la force mentale ou du coaching psychologique et mental est loin d'avoir pénétré toutes les disciplines sportives. "Il y a encore beaucoup de marge de progression dans ce domaine."