Le mouvement, de son étymologie “movēre” ce qui nous met en mouvement, ce qui nous meut, nous force à l’action, nous fait ressentir, est la racine du sport à haut niveau. Que l’on parle des sports de glisse, des sports extrêmes, des action sports et de ceux pratiqués en pleine nature, lorsque l’on prépare une compétition, se sentir prêt, à l’aise avec son ambition et en sécurité avec son matériel est crucial. La pratique d’un sport outdoor ou d’un sport de glisse existe car des conditions climatiques et un terrain de jeu sont disponibles en accès souvent libre et gratuit. De plus, pour les sports outdoors, la nature est un élément déterminant de l’émotion qui génère la persévérance et fixe l’instant. Dans un événement international, comment les mêmes vecteurs peuvent-ils servir d’inspiration ? Est-il possible de le rendre plus durable? Comment les sportifs de haut niveau transforment leurs aspirations en microaventure de rêve ? Ce sont certaines questions que les marques sponsors et le secteur événementiel peuvent se poser pour rester désirables.
Le mythe fondateur des Jeux olympiques prend vie à Olympie en Grèce. Puis c’est Pierre de Coubertin, le fondateur des Jeux Olympiques modernes, qui met à l’honneur la diversité. De plus, la place de l’inclusion est un sujet emblématique de l’olympisme incarné par la signification de son emblème. Les cinq anneaux des JO représentent l’union des continents et l'universalité, l’inclusion et la continuité. Déjà mené par l’émotion autant que par l'ambition, certains athlètes viennent bousculer les codes sportifs. Par exemple, Clarisse Agbegnenou, la vice-championne olympique et quadruple championne du monde de judo estime que pour être plus sereine pour se préparer à des exigences de haut niveau, la pratique du pilate dans ses entraînements post partum est indispensable. Elle obtient aussi de la fédération française la présence de sa fille en entraînement et en compétition car elle l’allaite encore. Depuis 2016 et les Jeux de Rio, le comité olympique intègre et suit une équipe d'athlètes réfugiés boursiers du Comité International olympique. Ces cyclistes, nageurs, marathoniens, boxeur… sont suivis toute l’année par la fondation olympique pour les entraînements et leur statut administratif de réfugiés. Certains sont en cours de naturalisation. Bien sûr, la diversité nourrit l’inclusion et les champions appartenant à la communauté LGBT commencent à être entendu.es et reconnu.es. Dans le film “Fragment choisis” de Alicia Censi, la championne du monde de ski freeride Elisabeth Gerritzen confie ses émotions, ses peurs et ses manques pour créer de la représentation. Au-delà de son coming out, l’ambassadrice de Peak Performance, pousse les frontières des règles paternalistes qui existent parfois dans le sport de haut niveau. Repérée par Salomon™ et The North face™, la réalisatrice continue à donner de la voie aux femmes et aux minorités, en particulier dans Didi, son dernier film où elle suit Marion Haerty, championne du monde de snowboard et une équipe 100% féminine de guides et sherpa népalaises aguéries. Ce film sensible révèle comment ces femmes sont cœur et pieds liés à la montage.
“L’Olympisme n’est point un système, c’est un état d’esprit. Les formules les plus diverses peuvent s’en pénétrer et il n’appartient ni à une race ni à une époque de s’en attribuer le monopole exclusif. “- Le Baron Pierre de Coubertin
Au-delà de l'aspect fédérateur et des valeurs universelles et démocratiques du sport, les limites de telles manifestations sont de plus en plus visibles. Les JO et les compétitions sportives provoquent des dilemmes et des réactions controversées, en particulier sur les impacts environnementaux, économiques et sociaux. Pour certains la légitimité de ces compétitions est questionnable. C’est le cas de Marc Perelman, qui dans son livre 2024 - Les Jeux olympiques n’ont pas eu lieu, dénonce l’esprit inébranlable de l’olympisme. Selon lui, les Jeux n’ont comme horizon que la croissance : plus de licenciés, plus de spectateurs, plus d’argent. Afin de préparer au mieux l’édition été 2024, le Ministère français des Sports et les Jeux Olympiques et Paralympiques ont sorti un guide sportif et responsable. Il a pour objectif de protéger tous les acteurs du sport, du pratiquant au spectateur, et d’encourager les solutions pour usage sobre de l’eau et de l’énergie. L’organisation des JO a aussi mis en ligne des dispositifs et renseignements dans son annuaire des solutions pour un sport durable. Avec son guide sur la communication responsable l’ADEME est chargée de donner des directions de communication pour éviter l’écoblanchiment et conduire des changements sur les sujets de la biodiversité et des enjeux climatiques. Une ressource pour les marques qui doivent dès à présent adapter leur discours. Pour accompagner cette remise en question, certains organismes non lucratifs comme la Water Family, se mobilisent et proposent des formations et des guides référents pour mieux organiser des événements.
"Il faut prendre en compte les 7 thèmes à impact d'un événement que l'on a ciblé par ordre de priorité d'impact : le transport, l'alimentation, le respect du site naturel, les déchets, la communication et objets promotionnels, l'inclusion et les égalités et la sensibilisation /formation interne et externe." - Louise Ropagnol, chargée de mission pédagogique développement durable à l’association la Water Family
Consulter la plateforme organisation d’événements Ecoresponsable de la water Familly
De son côté, Surfrider Europe propose des outils d’éducation et de sensibilisation à la protection de l'océan. Pour les événements sportifs, l’association propose le programme Green Sports Hub Europe avec l’ambition de “coordonner les structures sportives européennes au sein d’une dynamique durable”. Dans la même veine, des actions de plaidoyers sont menées auprès de l’OMI (Organisation Maritime Internationale) pour limiter les émissions de CO2. Son homologue des sports de montagne Protect our Winter rassemble la communauté autour du moto agir en faveur du climat. Ils suivront de près les étapes de surf qui se dérouleront en Polynésie française.
Le mouvement se matérialise grâce à de la technique et la présence de motivation pour atteindre un objectif. Dans certaines disciplines aquatiques, l’arrivée du foil va renforcer les sensations et le frisson de glisse. C’est parfois grâce à la technique et l'évolution des mentalités que de nouvelles émotions sont créées. L’utilisation de iQFoil est soutenu par Ariane Imbert l'entraîneure France de l’équipe de Kitesurf. Nicolas Goyard et Hélène Noesmoen, champions d’europe de Kite foil témoignent de cette sensation de voler qui ajoute de l’émotion à leur sport. Pour certains sportifs, le sentiment d’appartenance à une équipe ou aux valeurs véhiculées par la marque sont aussi importants que la victoire. Cela donne de la justesse à leur action. On voit apparaître une génération de champions, navigateurs, coureurs automobile, surfeurs ou snowboarders qui arrêtent leur sport ou quittent leur sponsor historique. C’est le cas de Stan Thuret qui en février 2023 annonçait arrêter la course au large pour raison écologique, concédant que l’urgence climatique et l’effondrement de la biodiversité étaient incompatibles avec la compétition et la manière de vivre de la course au large. Xavier Thévenard, champion d’ultra trail qui ne veut plus prendre l’avion pour des compétitions à l’autre bout du monde. Ou encore Mathieu Crépel qui quitte son premier sponsor pour rejoindre Oxbow™ avec qui il est plus en phase sur l'écoconception des collections.
“C’est certain qu’aujourd’hui le sport de haut niveau et les événements planétaires qui en découlent se doivent de réfléchir à comment s’inscrire dans une refonte profonde de leur système d’organisation. On sait l’impact environnemental de ces événements important mais on connaît aussi leur l’impact positif, au niveau émotionnel ou social. “ - Champion du monde de snowboard, ambassadeur de la marque Oxbow et commentateur sportif jeux Olympique France télévision.
D'ailleurs, dans son dernier film, aux côtés du réalisateur Walid Berrissoul et des guides de haute montagne Mathieu Millet et Patrice De Bellefon, Mathieu Crepel part escalader la face nord du plus haut sommet des Pyrénées françaises : le Vignemale, Vinhamala en gascon. Les émotions de tous face à l’ascension ce glacier pyrénéen qui disparaît sont très palpables. C’est ce qui rend le but, le beau et le sommet accessibles, sans résignation et avec la volonté d’alerter et de proposer d’autres voies pour la protection de ces territoires d'émerveillement.
De nombreux neurobiologistes s'accordent à penser que les processus neurologiques et les réactions émotionnelles interagissent pour influencer les performances sportives, la prise de décision, la gestion du stress et les réponses émotionnelles chez les athlètes..Et si dans un cerveau reptilien ce qui fait peur maintient en vie, ce qui émeut maintient l’envie. Dans “Free rider”, le film de Jérôme Tanon, primé à l’international free ride festival de Capvern Les Bains, juste avant une descente impressionnante, Victor Delerue, double champion du monde de freeride en snowboard dit : “En soi c'est pas très raide, c’est juste que ça fait peur” puis se lance comme un enfant qui découvre la poudreuse. La peur est une émotion tout particulièrement examinée par les psychanalystes et préparateurs mentaux des courses au long court comme la Route Du Rhum ou le Vendée Globe. Car si dans la vie courante elle peut stopper une action dangereuse et mettre à l’abri, dans une course en solitaire, elle prévient l’urgence et sauve d’un accident ou d’une panne. Il faut donc la programmer autrement. En voyant leur environnement s’abîmer, d’autres sportifs ont choisi de créer une marque sur des valeurs environnementales. C’est le cas de Maugan Péniguel et Nathan Vitu, qui lancent à Annecy la marque Nosc™ basée sur des matériaux recyclés et biosourcés aux effets vérifiés. Dans leur film 1.5 degrés, la marque met en scène le passage de drapeau entre athlètes multidisciplinaires pour marquer les ambitions des accords de Paris à rester en dessous des 1.5 degrés.
Le lien entre neuroscience et émotion dans le sport est une zone de recherche dynamique. Elle offre un aperçu approfondi de la manière dont le cerveau influence les émotions des athlètes, et comment ces émotions peuvent influencer les performances sportives. Gestion de l’énergie et du stress, prise de décision rapide et efficace dans la récupération, les émotions peuvent agir comme un catalyseur pour libérer l'énergie mentale et physique dont un athlète a besoin pour performer à son meilleur niveau. D’autre part, l'application des découvertes en neuroscience peut aider les athlètes et les entraîneurs à optimiser leurs stratégies de préparation et à améliorer leur compétitivité. C’est pour parler de l’optimisation de la performance sportive grâce à la data que Aurélie Jean et Yannick Nyanga, sortent en septembre le livre : Data et sport La révolution”. Pour eux, l'analyse de données et les technologies de pointe transforment radicalement le monde du sport, permettant aux athlètes et aux équipes d'améliorer leurs performances de façon spectaculaire. Enfin, les grands événements sportifs comme les coupes du monde ou le Jeux Olympique demeurent une vitrine exceptionnelle, ainsi LVMH™ rejoint Le Coq Sportif™ et Decathlon™ dans les sponsors de renom pour Paris 2024.
“On sait l’impact environnemental de ces événements important mais on connaît aussi leur impact positif, au niveau émotionnel ou social. Le sport reste un vecteur important de rêve, d’identification, de valeurs positives et le monde événementiel qui l’entoure doit s’adapter pour prendre en compte l’enjeu climatique actuel…Nous savons aussi que les enjeux économiques du sport de haut niveau sont énormes mais il va falloir comprendre que l’enjeu climatique à long terme est plus important que l’enjeu économique à court terme.” - Mathieu Crepel, Champion du monde de snowboard, ambassadeur de la marque Oxbow et commentateur sportif jeux Olympique France télévision
Pour incarner la devise de Pierre de Coubertin, « Plus vite - Plus haut - Plus fort », le lien entre les émotions et le mouvement dans le sport de haut niveau est profondément intriqué. Et pour certains, il est temps de commencer à construire un autre rapport au monde sportif et événementiel. Du surf au snowboard, en passant par le canoë, le golf ou le skateboard, les performances athlétiques de niveau supérieur sont influencées par divers facteurs. Les émotions jouent un rôle essentiel car les athlètes de haut niveau doivent composer avec une pression intense, des attentes élevées, la compétition acharnée, les victoires et les défaites, ainsi que les hauts et les bas émotionnels qui en découlent. Paris 2024 sera l'occasion pour tous ces sponsors de se positionner sur les valeurs du sport outdoor. En attendant les JO de Paris 2024, pour vivre ces émotions de près ou de loin, il existe en France des festivals qui proposent des films et documentaires sur les sports outdoors et les univers de free rider : high five festival d'Annecy, L’IFOF (International festival of outdoor film) et l’EOFT ( European outdoor film tour) , le festival de film et du livre d’aventure de La Rochelle...
On peut croire qu'on roule plus lentement à plusieurs ou que les sports individuels se gagnent en équipe, une chose est sûre, l’émotion de créer et de se dépasser fait partie du voyage appelé sensation !
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