Image credit:
Robert Hajduk / IKA media
Two kitefoilers float over the water.
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Robert Hajduk / IKA media
Sports/08/02/2024

Foil et kitefoil: les actrices du monde de la glisse en France

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Le monde du nautisme l'attend depuis longtemps : les Jeux olympiques d'été et les épreuves de voile à Marseille ! Nous nous sommes entretenus avec Ariane Imbert, entraîneure nationale de l'équipe de France de kitefoil et entraîneur à la Fédération française de voile. Elle nous révèle comment les athlètes Lauriane Nolot et Axel Mazella se préparent aux Jeux olympiques et pourquoi le kite et le foil provoquent un tel engouement. Enfin, elle nous éclaire sur comment le secteur veut rendre les sports nautiques plus durables.

Lors des Jeux de Tokyo, dix épreuves de voile étaient proposées, allant de la planche à voile aux compétitions mixtes, dériveurs, catamaran… La pratique de ces sports demande la préservation d’un terrain de jeux sain et accessible. De plus, l'avancée remarquable du matériel et l’arrivée de plus en plus d’athlètes féminines proposent un réajustement de pratique. Elles exigent des compétences athlétiques et techniques toujours plus pointues. Les Jeux Olympiques de Paris en 2024 marqueront l'introduction de deux nouvelles épreuves inédites : la planche à voile IQ Foil et le “Formula Kite.” ou Kite foil. Cette catégorie de kitesurf sélectionnée par le World sailing, organisme officiellement reconnu par le Comité International Olympique, pour les Jeux olympiques d'été de 2024, présente une configuration comprenant un cerf-volant à foil et une planche équipée d'un hydrofoil.

Les insights en un coup d'œil :

  1. Entraîneure et espoir de l’équipe de France
  2. Préparer une épreuve de jeux à domicile
  3. Une journée type d'entraînement pour les JO de 2024 
  4. Le foil, nouveau matériel des marins volants
  5. Une approche environnementale dissonante
  6. La mixité dans le kitesurf
  7. L’esthétique qui fait rêver
  8. Levier de transformation dans le monde de la glisse
  9. Rendez-vous à Marseille pour les épreuves de voile

Pour comprendre tous ces changements dans le monde de la glisse nous avons interrogé Ariane Imbert, entraîneure nationale de l’équipe de France de Kitefoil. Ariane est une coach de la fédération française de voile à l’esprit couteau suisse. Elle accompagne des kitesurfeurs depuis longtemps à la fois sur la technique de leur sport, le bien être à la pratique et la logistique des compétitions. Nous avons aussi rencontré Flora Arzter championne du monde de wingfoil. Leur point commun : voler sur l’eau en foil sur le spot de la plage de l'Almanarre à Hyères.

Entraîneure et espoir de l’équipe de France

Ariane Imbert: “Je suis niçoise, j’ai grandi entre mer et montagne. Ma première passion est le snowboard, j’ai fait de la compétition pendant plusieurs années. Puis après avoir obtenu une licence STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives) tout en proposant un projet pédagogique pour les enfants, je me suis concentrée sur l’encadrement, la glisse et les entraînements. Après quelques années éloignées de la mer, je suis arrivée à Hyères où j'ai découvert le kitesurf. Je décide de passer le brevet professionnel de Kite pour pouvoir l’enseigner. Je crée une école de kite puis je commence à entraîner les enfants. En 2012, la discipline a obtenu une reconnaissance du haut niveau. Aujourd’hui la fédération française de voile s’appuie sur mon école.

“Se mettre à la compétition permet d’apprendre plus vite.“

Préparer une épreuve de jeux à domicile

Dans ma conception de l'entraînement, l'athlète est au centre du projet. Il adopte une gestion de projet avec l'entourage qu’il souhaite. Le coach est présent pour l'aiguiller et mettre en place des situations qui le font progresser. Je mets des points de vigilance, je communique sur les stratégies d’évolution et d’organisation des actions. Je suis là pour encourager et pousser dans les moments difficiles qui servent à garder la motivation. J’adopte un management à l’américaine, chacun connaît ces missions et j'interviens quand il y a un problème. J’ai un rôle de régulateur et de source de motivation. Par exemple pour de la réorganisation en fonction de la santé, de la forme de l’athlète et des conditions météorologiques. J'encourage aussi bien à booster des moments pour plus de volume qu'à savoir freiner parfois.

“Ma vision ce n’est pas de décider de tout, l’athlète est au cœur du projet.”

Une journée type d'entraînement

Dans la voile ce qui est très important, c’est de connaître le plan d’eau, et ses spécificités. Dans les routines, on s'entraîne dans des conditions différentes. Les styles de navigation sont différents selon la force et l’axe du vent, l’état de mer, le clapot, la houle, les deux… Le plan d’eau de Marseille est très technique, nous avons recensé des plans d’eau similaires en France ou à l’étranger pour s'entraîner. Enfin s’exercer seul à ces limites car dans les courses il y a de l’adversité et des concurrents, des placements à respecter avec des règles de priorités. En fonction de ça on établit des schéma stratégique.Enfin, on suit le circuit international pour aller chercher des types d'entraînement différents en national ou à l’international. Puis on travaille l’adversité avec des coach regatta et des compétitions. Ce qui peut faire la différence pour les JO, c’est ce qui permet d'être bien réglé, d’avoir optimisé la performance à tous les niveaux.  D’être bien dans sa tête, de relativiser. Je prépare les athlètes à ne pas subir la pression de cet événement qui sera le premier pour nous et à la maison.

“Dans les routines d'entraînement, mieux on connaît son terrain d'action, mieux on sera en compétition.”

Le foil, nouveau matériel des marins volants

L’équipement souvent dans le sports de course, il est hyper important. C’est le point clé de la performance. Le kitefoil est un sport dont les résultats dépendent beaucoup du choix du matériel, des réglages, de l'état de surface de l’eau. Nous avons différents types de planches et de voiles pour s’adapter aux conditions climatiques, vent, état de mer. C’est primordial. Les jeux Olympique Paris 2024, sont les premiers jeux où le kitefoil remplace le fine. À l'inverse d’un bateau archimédien qui flotte, les supports à foil sont un atout pour la vitesse. Les planches de foil (aile d’eau) et IQfoil sont reliées par un mât à ce que l'on appelle un avion. C’est un peu comme un avion qui va voler dans l’eau, ça dégage très peu de trainée, ça pousse très peu de surface. Grâce à ça, on peut naviguer dans du vent plus léger parce que ça freine moins. Et les angles de remontée au vent et vitesse sont plus performants. Pour le IQfoil, même principe au niveau de l'aile arrière. Le flux rentre au niveau de l’aile et accélère sur le dessus ce qui crée une surpression qui génère un phénomène de portance vers le haut. A l’arrière le stabilisateur a un profil inversé qui porte vers le bas. C’est l’opposition des forces qui rend possible le vol et la sensation de lévitation. Dans le kitefoil, on ajoute une voile, comme un parapente relié au harnais. Ce cerf volant génère de la traction en opposition à l’avion du foil. Ce phénomène de traction et d’opposition aide à avancer et à glisser très vite. “

“On ne peut pas se présenter à une course de formule un en deux chevaux, ça ne marche pas.”

Une approche environnementale dissonante

Au niveau environnemental, nous sommes hyper impliqués car quand la mer est polluée par du plastique ou des algues qui sont là à cause du changement climatique, on ne peut pas naviguer. Lauriane Nolot, que j'entraîne pour les JO de 2024 est un jour tombée à cause d’un sac plastique dans l’eau. On collabore avec Surfrider™, Clean Ride™, on ramasse les déchets en mer et sur la plage pendant les entraînements. On a aussi des points à améliorer, notamment sur le matériel et les déplacements, car la pratique de haut niveau est incompatible avec l'écologie, on en est conscient. On consomme beaucoup de matériel, crèmes solaires, bateaux, drones, des câbles, de la gestion de data…Le surplus de matériel est donné aux jeunes de l’équipe de France ou à des pratiquants défavorisés. Je participe au programme de la marque Sooruz™, qui récupère les combinaisons pour les recycler. Côté alimentation, on a la volonté d’avoir une hygiène de vie très locale. On consomme des produits locaux bio, de saison et avec un programme spécifique pour certains athlètes. On utilise la mer, le vent pour pratiquer mais je coache avec un bateau à moteur ce qui crée la dissonance dans notre activité. C'est un problème global de société et pour le moment on n’a pas de solution. Concernant les compétitions, pour que tout le monde puisse jouer et respecter la concurrence des athlètes, on est obligé de prendre l’avion. Si on veut de la concurrence saine, il faut faire des compétitions dans le monde entier. Pour les entraînements, on pourrait peut-être utiliser des bateaux électriques, malgré les imperfections des batteries. On sollicite la fédération, on agit localement et on doit trouver l’équilibre entre la fatigue et la performance avec énergie que cela utilise.

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La mixité dans le kitesurf

A propos des épreuves mixtes, on avait beaucoup de garçons et une fille, au début c’était la panique. On a mis en place un circuit de sélection et de recrutement. Aujourd’hui on a plus de filles athlètes féminines de très très bon niveau. La densité athlétique ça apporte plus de monde dans notre sport. A la fédération française de voile, sur les dix séries nous sommes deux femmes entraîneurs :  Françoise Lecourtois, entraîneur national 49er (catégorie dériveur) et moi. Expérience derrière soi et parfois incompatible avec une vie de famille. Il ne faut pas être dans un esprit de comparaison, souvent lorsque l’on a de l’expérience professionnelle, on a l'âge d’avoir une vie de famille et parfois parfois c’est incompatible. Ma philosophie: Ne pas se poser de questions, faut y aller.

“Dans ma carrière, par passion j’ai pris une vague que je surfe jusqu’au bout. Dans la vie faut regarder devant.

L’esthétique qui fait rêver

Pour les JO, on attend une belle réaction du public car c’est un sport magnifique. L’esthétisme, la technicité de ce sport sont dingue et la vitesse fait rêver. Il y a la beauté du geste quand on part, la proximité des athlètes. Il y a encore peu de pratiquants dans le monde. Ça risque de faire le buzz parce que c’est magnifique. En revanche, les règles de sport et le jeu de la régate sont compliqués car il faut avoir des notions de vent.

Levier de transformation dans le monde de la glisse

Une relation consciente avec son milieu ambiant, le contact de l’eau, la sensation de liberté face à la glisse, le mouvement qui vide la tête et fait monter le taux de bonheur sont des atouts bien connus du sport. La glisse peut être un vecteur de transformation environnementale et sociale et les meilleurs athlètes nous montrent la voie. C'était le point capital de l’intervention de Flora Artzner au Surf Summit 2023. Ingénieure biodiversité et consultante environnementale en milieu marin, au travers son métier et son rôle d’athlète de haut niveau, Flora prouve qu’une approche consciente, inclusive et low tech est envisageable. Elle souligne les contradictions du sport de haut niveau. Dans son sport, elle mentionne les points noirs du matériel des planches, même s' il y a des progrès avec les premières planches en carbone recyclées. Les épreuves à l’autre bout du monde et le manque d’inclusivité des compétitions sont difficiles à vivre pour l’athlète. C’est pour relever tous ces défis qu’en 2021, à Hyères en France, elle a organisé la première compétition mondiale éco responsable de foil : La Roca Cup™. La prochaine aura lieu en avril 2024. Dans cette ambition, les associations Eurosima™ et Surfrider™ Europe se sont engagées avec la signature d’un référentiel afin de favoriser l’éco-responsabilité dans l’industrie et de condamner les pratiques destructrices de l’environnement au sens large. En signant ce référentiel, ils souhaitent s’unir face problématiques de rejets chimiques, de micro-plastiques, de gaz à effet de serre. C'est parfois le tissu associatif qui assume les dégâts post production de l’industrie. (The microfiber consortium, Ellen Macarthur foundation, Sea shepherd par ex)

Rendez-vous à Marseille pour les épreuves de voile

Parmi les points importants à retenir pour ces JO : La  planche RS:X a été récemment remplacée par une planche à foil baptisée IQFoil. Le voilier Finn a été supplanté par le Kite Foil. Et les compétitions mixtes au départ sont réorganisées pour proposer une épreuve féminine et une épreuve masculine. Toutes les épreuves de voile dont le IQKite et de Kitefoil auront lieu à la marina de Marseille où le Test Event s’est déroulé en juillet. Le kitesurf ne consiste pas seulement à maîtriser l'équipement ; il s'agit de vaincre les peurs techniques, de relever les défis des éléments. Cette nouvelle discipline peu connue semble être une belle opportunité  de développement pour les équipementiers spécialisés sport de glisse. Les jeunes marins volants ont une longue route devant eux pour montrer leur belle discipline qui demande force, rigueur, instinct et lâcher prise.